Mot de l’auteure

© Émilie Caron

Ma première rencontre avec la Nature m’exposa à une conséquence inattendue. Jeune enfant, mes petites mains potelées avaient capturé un magnifique insecte aux poils de velours. Je n’avais pu résister à ce bijou qui butinait les fleurs de trèfle. Mes doigts, recherchant la compagnie, avaient attendu le moment propice pour se refermer sur ce petit animal qui avait traduit, avec raison, ce geste comme une sérieuse menace. En une fraction de seconde, le bourdon m’infligea de douloureuses piqûres plaidant ainsi pour sa liberté. Ce malheureux incident n’altéra aucunement mon amour pour la Nature. Cette bévue, dont j’étais l’auteure, se logea dans ma mémoire le temps de l’enfance. Plus tard, mon jugement, en quête d’harmonie, décoda le message latent de cette aventure : l’importance de la communication. La Nature m’encouragea alors à discuter avec elle et son dialogue, si différent de mon langage, interpella d’abord cet incroyable sens : la vue ! Ses couleurs, ses courbes, ses lignes, ses contrastes et ses lumières offraient un kaléidoscope de sujets, plus intéressants les uns que les autres, stimulant mon esprit créatif. Puis, un jour, l’œil ne suffit plus ! L’ouïe, l’odorat et le toucher favorisèrent les échanges. Cette mystérieuse conversation m’éveilla à la remarquable richesse, à la complexité et à l’indispensabilité de cette Nature, dont mon âme était follement éprise. Mon cœur, fouillant dans les entrailles de mes émotions, se mit à battre au rythme de cette généreuse et fabuleuse quintessence. Depuis, de la plume abandonnée par l’oiseau jusqu’aux paysages grandioses, tout s’imprègne d’un discours de vérité. Je crois que ces propos enthousiastes de la vie doivent maintenant être racontés dans le langage universel de la photographie, propageant ainsi au travers des frontières cette beauté où palpite cet espoir si important à mes yeux de messagère.